FRISE CHRONOLOGIQUE 1795
nous, la manière dont la lignée humaine a évolué avant l'émergence de l'espèce reste plutôt incertaine. Pour en savoir plus sur cette très secrète période, proche de l’évolution de l’Homme moderne, une équipe a étudié le génome de plus de 3 150 humains actuels. Des individus issus de dix populations africaines et de quarante populations non africaines, plus précisément. Elle a pour cela développé un nouvel outil analytique, le "processus de coalescence rapide en temps infinitésimal" (FitCoal). Grossièrement, le FitCoal leur a permis, en examinant la diversité des séquences génétiques observées chez les descendants et comment elles ont divergé au fil du temps, de déduire la taille des groupes composant leurs lointains ancêtres. Leurs résultats ont ainsi révélé un "goulot d'étranglement démographique" important il y a environ 930 000 à 813 000 ans, c'est-à-dire un épisode de réduction sévère de la population — suivi d'une nouvelle expansion démographique, d'où les termes de "goulot d'étranglement". Ce goulot d'étranglement semble avoir été d'une gravité particulièrement exceptionnelle, puisque le groupe a alors perdu 65,85 % de sa diversité génétique et environ 98,7 % de sa population reproductrice, selon les données. Pendant plus ou moins 117 000 ans, cette dernière aurait été limitée à environ 1 280 individus. Les scientifiques associent ce contexte transitif de ralentissement, puis de déclin démographique général, à des phénomènes climatiques qui expliqueraient qu’une grande partie de la population ait été décimée, expliquant par la même occasion que l’on retrouve si peu de preuves archéologiques sur plus de 10 000 ans. Pour arriver à cette hypothèse, les scientifiques ont concentré leurs recherches sur la divergence génétique entre différentes populations. Selon Courrier International , les génomes de 3 154 descendants d’une lignée de « dix populations africaines » ont été comparés à quarante autres populations « non africaines modernes » et ce, dans l’objectif de calculer leur probabilité de reproduction. Les chercheurs ont ainsi constaté que seulement 1 280 individus étaient en mesure de procréer, à cette période. Nos ancêtres ont connu un goulot d'étranglement démographique si grave pendant très longtemps qu'ils ont été confrontés à un risque élevé d'extinction. ( Wangjie Hu, coauteur principal de l'étude de l'École de médecine du mont Sinaï à New York (US). Ce goulot d'étranglement pourrait aussi avoir contribué à une caractéristique du génome humain : la fusion de deux chromosomes en un seul, le chromosome 2. Les autres hominidés encore vivants, dont les grands singes, en possèdent en effet 24 paires, nous, 23. Cet événement de spéciation semble d'ailleurs avoir contribué à ce que les humains prennent une voie évolutive différente. Expliquons. Des recherches ont déjà suggéré que le dernier ancêtre commun, partagé par les Hommes Sapiens, les Néandertaliens et les Dénisoviens, vivait il y a environ 765 000 à 550 000 ans… soit à peu en même temps que le phénomène décrit. Si dernier ancêtre commun a vécu
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