FRISE CHRONOLOGIQUE 1795
8 000 – HOMO – L’ÉVOLUTION DE L’ADN HUMAIN Il y a peu, un groupe de chercheurs a ravivé le débat. Henry Harpending (Université de l’Utah) et John Hawks (Université du Wisconsin -Madison) se sont plongés dans les bases de données de HapMap, vaste projet visant à décrypter les infimes variations dans l’ADN humain. En traquant la fréquence d’apparition de ces marqueurs au sein d’une population, il est possible d’estimer le rythme de son évolution. En effet, si un bloc de ces marqueurs génétiques devient tôt ou tard présent dans 20% au moins de la popula tion, cela indique qu’il lui a conféré un avantage en termes de survie, sinon il ne serait pas aussi prévalant. Harpending et ses collègues ont donc passé à la loupe le patrimoine génétique de 270 personnes (des Chinois Han, des Japonais, des Nigérians et des Nord-Européens). Qu’ont -ils observé ? Qu’au moins 7% des gènes avaient évolué durant les 5000 dernières années. Mieux, ils ont aussi pu affirmer que, durant les 10 000 dernières années, les humains avaient évolué 100 fois plus vite que durant quelque autre époque que ce soit depuis la séparation de l’homme et des chimpanzés, nos plus proches cousins, à partir d’un ancêtre commun. Ce n’est donc que « récemment » que l’homme aurait commencé à appuyer sur l’accélérateur de son évolution. Pour plusieurs spécialistes de l’évolution, ces travaux sont à prendre avec des pincettes. Leur principal grief ? Les outils permettant d’étudier le génome humain en sont encore à leurs balbutiements. Pour pouvoir confirmer l’hypothèse de l’accélération de l’évolution humaine, il faut être « capable d’identifier précisément des portions récentes du génome, explique dans le magazine Discover Jonathan Pritchard, généticien à l’Université de Chicago. Or cela n’est pas facile » Par ailleurs, « ces chercheurs ne connaissent pas l’état des gènes il y a 5000 ans, renchérit André Langaney. Ils sont contraints de l’inférer. Et de travailler avec des modélisations qui incluent un tas de paramètres mal connus, comme les migrations ». L a plupart des biologistes de l’évolution ne nient pas que des bouleversements culturels importants ont probablement permis à la sélection naturelle d’opérer. « Cela notamment, explique André Langaney, parce que certains de ces changements, comme l’apparition de l’agriculture , ont fait exploser la population terrestre ». Or Darwin lui même soulignait l’importance de la taille d’une population pour que les traits favorables soient sélectionnés. Ainsi, cela aurait plus facilement permis aux personnes génétiqu ement les mieux adaptées de survivre. Mais qu’en est - il aujourd’hui ? Généticien au University College de Londres, Steve Jones est lui d’un autre avis, qu’il exprime dans le New Scientist : « Il y a 500 ans – hier en termes d’évolution – un bébé britannique avait seulement 50% de chance de survivre jusqu’à l’âge de la reproduction. Mais maintenant, ce taux atteint 99% ». Le chercheur a donc calculé que cette différence majeure réduit très fortement la propension qu’aurait la sélection naturelle de s’appliquer à l’homme. Du moins dans les pays connaissant un taux si bas
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