FRISE CHRONOLOGIQUE 1795

milliers d’années de cela, et plus particulièrement de savoir quel « niveau d’individualité » on conférait aux petites filles. Surnommée « Neve » en référence à un torrent de la région, elle n’avait que 40 à 50 jours quand elle a trouvé la mort il y a un peu plus de 10 000 ans. On ne connaît pas la cause de son décès ; il ne subsiste d’elle que de minuscules ossements ainsi que des coquillages perlés qui se trouvaient dans le linceul qui l’env eloppait. Une serre de hibou grand-duc, découverte tout près de la sépulture, semble avoir été placée là comme un talisman. Il est rare que des archéologues découvrent des ossements d’enfants aussi anciens, et il est encore plus rare qu’ils découvrent des ossements de nouveau -nés, car ceux-ci sont souvent trop petits et trop fragiles pour rester intacts pendant des millénaires. Pour le moment, la sépulture de Neve est la plus ancienne sépulture de petite fille découverte en Europe. image image Homo sapiens maîtrisait l’art de percer le crâne d’un humain vivant… sans dommages pour le cerveau. Rite religieux ou acte médical ? « Mais pourquoi pratiquer une telle opération ? » C’est la question qui taraude tout visiteur du musée de l’Homme devant la vitrine des crânes trépanés. Certains trous atteignent même une dizaine de centimètres de diamètre ! Et la chose devient encore plus surprenante lorsqu’Aline Thomas, archéoanthropologue au Muséum national d’histoire naturelle, explique que ces perforations ont été réalisées du vivant des « patients » et que ces derniers auraient survécu dans 80 % des cas selon certains auteurs. L’idée de la trépanation, en des temps si anciens, n’a pas toujours été acceptée par la communauté scientifique. Les premiers crânes perforés mis au jour à Crozon en 1843 laissent les découvreurs perplexes, et les trépanations sont aux mieux considérés comme les conséquences d’un accident, d’un coup porté avec une arme ou d’une maladie. « Certaines pathologies, comme les kystes dermoïdes ou des lésions tumorales, peuvent ronger l’os », explique la chercheuse. Cependant, ces maladies n’expliquent pas la multiplicité des fossiles porteurs des mêmes stigmates. En effet, près de 10 % des crânes du néolithique (de – 6000 à – 3500 AEC) sont « troués ». Si ces ouvertures ne sont pas toutes dues à une trépanation ante mortem (avant la mort), leur nombre est néanmoins considérable. Devant l’évidence, le médecin français Paul Broc a reconnaît en 1876 que nos ancêtres préhistoriques maîtrisaient, il y a des milliers d’années, cette chirurgie dangereuse, qu’ils la pratiquaient à dessein et que les trépanés y survivaient. Les sociétés néolithiques européennes ne maîtrisaient pas encore le métal ; le praticien n’avait donc à sa disposition que des outils en pierre (silex, obsidienne…) ou en bois. « Un collègue a tenté de reproduire sur un crâne une ouverture en faisant des microperforations en cercle avec une pointe de flèche. Ça lui a pris cinq heures », Nos ancêtres étaient sans doute plus rapides, habitués à manipuler ces outils. Et aussi plus -Sommaire 8 000 – FRANCE - LES PREMIÈRES TRÉPANATIONS

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