FRISE CHRONOLOGIQUE 1795
dans la grotte de Dé nisova, en Sibérie. L’absence de crâne attribuable rendait toute comparaison morphologique impossible. Pendant des années, le crâne de Harbin a résisté à toute tentative d’analyse génétique. Son ancienneté – estimée à plus de 146 000 ans – rendait très improbable la préservation de matériel ADN exploitable. Et en particulier dans les environnements tempérés de Chine du Nord. L’équipe dirigée par la généticienne Qiaomei Fu, de l’Institut de paléontologie et de paléoanthropologie à Pékin, a ainsi réussi à extraire de l’ADN mitochondrial à partir de ce dépôt dentaire. Ce type d’ADN, transmis uniquement par la lignée maternelle, e st moins complet que l’ADN nucléaire. Néanmoins, il reste suffisamment informatif pour établir des liens génétiques solides. L’analyse, publiée dans Cell, a révélé une proximité frappante avec les séquences connues des Dénisoviens. Ce groupe humain a été i dentifié jusqu’ici uniquement par leur génome, notamment celui issu d’un petit fragment osseux trouvé en Sibérie en 2010. L’identification génétique du crâne de Harbin ne permet pas seulement de le classer. Elle offre pour la première fois un aperçu concret de l’anatomie d’un Dénisovien. Jusqu’ici, cette lignée humaine restait sans visage, réduite à quelques fragments osseux — une phalange, une mâchoire, quelques dents — et à des séquences ADN. Les fossiles disponibles ne suffisaient pas à dessiner une morphologie cohérente. Le crâne presque complet de Harbin change la donne. Il offre un référentiel anatomique fiable à partir duquel les paléoanthropologues peuvent reconstituer l’aspect physique de ces cousins disparus de l’humanité. Les individus de ce groupe auraient probablement été massifs. Leur masse corporelle aurait pu atteindre les 100 kilos. Le volume cérébral, proche de celui des humains modernes et des Néandertaliens, indique une complexité cognitive comparable. Les dents, en revanche, sont nettement plus grandes, suggérant des adaptations alimentaires différentes. L’identification du crâne de Harbin comme dénisovien rebat les cartes de la présence humaine en Asie durant le Pléistocène moyen. Jusqu’ici, la chronologie et la répartition géographique des Dénisoviens restaient floues, faute de preuves fossiles claires. Grâce à cette découverte, les chercheurs peuvent désormais relier les traces génétiques dénisoviennes retrouvées chez des populations asiatiques actuelles à une forme physique concrète. « Harbin est probablement le fossile de Dénisovien le plus complet jamais découvert ». 142 000 – MAROC - PERLES DE COQUILLAGES FAÇONNÉES Une équipe internationale a découvert 32 coquilles façonnées dans un niveau datant de 142 000 à 150 000 ans dans la grotte de Bizmoune à Essaouira au centre-ouest du Maroc (Fig. 1). Ces artefacts fabriqués à partir d’un gastéropode marin Tritia gibbosula (anciennement Nassarius gibbosulus ) constituent les plus anciens éléments -Sommaire
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