FRISE CHRONOLOGIQUE 1795

54 000 – ARRIVÉE DE L’ HOMO SAPIENS EN FRANCE (Date officielle -48 000) image C’est la grande découverte, la très grande découverte, de surcroît sur le sol français, de celles qui chamboulent tout, et nous obligent à repenser la grande Histoire du peuplement européen. La grotte Mandrin est un abri sous roche, situé dans la commune de Malataverne, dans la Drôme, en Auvergne-Rhône-Alpes, dans la région naturelle et historique du Tricastin. La grotte Mandrin est, en effet, désormais l’étonnant témoin de la première arrivé d’Homo Sapiens, il y a environ 54 000 ans, bouleversant de près de dix mille ans toutes les chronologies du Paléolithique européen. « En travaillant pendant 32 ans, nous avons dégagé 12 différents niveaux archéologiques qui vont de 120 000 ans pour les plus anciens jusqu'au moment de l'extinction néandertalienne, il y a 42 000 ans, et chacun de ces niveaux est très riche et composé de dizaines de milliers d'objets, d'ossements d’animaux , de silex et de quelques vestiges humains. Effectivement, en 32 ans, nous avons réussi à trouver neuf dents, c'est-à-dire, en moyenne, on trouve une dent tous les dix mois de terrain, donc ce sont des vestiges très rares que l'on paye très, très cher en termes d'investissement humain et scientifique. La preuve i rréfutable de la présence de l’Homme moderne est une dent de lait, d’un petit Sapiens de 2 à 6 ans. » » " On a très, très peu de données des restes humains d'Homo sapiens antérieurs à 40 000 ans. De manière relativement sûre, pour toute l'Europe continentale, en 150 ans d'archéologie, on n'a trouvé que cinq dents, ça fait très peu et c'est la sixième, donc, que l'on apporte dans notre étude. « Il y a environ 54 000 ans une population d'Homo sapiens s'est donc aventurée dans la vallée du Rhône, s'est installée sous la grotte Mandrin, a fabriqué des outils. Et l'un de ses jeunes membres a perdu l'une de ses dents de lait. Cette population est ensuite repartie, remplacée par des néandertaliens » raconte l’é quipe internationale dirigée par Ludovic Slimak, et publiée dans Science Advances le 9 février 2022. « Cette grotte présentait aussi la particularité d’avoir été occupée « en alternance » après avoir été habitée par des Néandertaliens pendant une période de temps indéterminée, elle avait été occupée par des Homo sapiens il y a 54 000 ans, et ce pendant 40 ans —d’après l’analyse des couches de suie qui recouvrent le sol lorsqu’on y allume des feux — puis à nouveau par des Néandertaliens pendant 12 000 ans, et pour finir par des Homo sapiens. Cela donne à cette grotte, pour tous ceux qui s’interrogent sur le so rt des Néandertaliens, une valeur unique : c’est le seul endroit connu où des Néandertaliens sont partis, puis revenus. Et l’analyse des couches de suie est assez précise pour qu’on ait pu déterminer qu’il s’était écoulé à peine un an, il y a 54 000 ans, e ntre l’avant -dernière occupation des Néandertaliens et leur remplacement par des Homo sapiens. Dès lors, la question des interactions entre les deux groupes se pose », explique Ludovic Slimak, du Centre d’anthropologie et de génomique de Toulouse, auteur p rincipal de l’étude de 2022.

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