FRISE CHRONOLOGIQUE 1795

le paysage aride et stérile que l'on trouve aujourd'hui dans le Tassili N'Ajjer. Au contraire, elles dépeignent une savane vivante peuplée d'éléphants, de girafes, de rhinocéros et d'hippopotames. Ces œuvres d'art rupestre constituent un témoignage important des conditions environnementales qui prévalaient dans le Sahara, le plus grand désert chaud du monde. Depuis l'Afrique équatoriale jusqu'au Maghreb, des indicateurs fossiles divers ont démontré l'existence d'une période humide qui commença il y a environ 12 000 ans et permit le maintien d'un Sahara "vert" jusqu'à il y a environ 5000 à 6000 ans. Il existe de nombreuses preuves climatologiques que pendant cette période, le Sahara abritait des écosystèmes de savane boisée et de nombreux fleuves et lacs dans ce qui est aujourd'hui la Libye, le Niger, le Tchad et le Mali. La désertification qui s'ensuivit est le plus grand changement environnemental naturel de la période Holocène. Ce verdissement du Sahara ne s'est pas produit une seule fois. En utilisant des sédiments marins et lacustres, les scientifiques ont identifié plus de 230 de ces reverdissements qui se sont produits environ tous les 21 000 ans au cours des huit derniers millions d'années. Ces reverdissements ont créé des corridors de végétation qui ont influencé la répartition et l'évolution des espèces, y compris les migrations hors d'Afrique des anciens humains. Des chercheurs de l’Institut des Sciences de l'Évolution de Montpellier (ISEM – CNRS / IRD / Univ. Montpellier) et du Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (LOCEAN – CNRS / MNHN / IRD / Sorbonne Univ.) en collaboration avec une équipe internationale, ont prélevé une carotte sédimentaire de 8,50 m dans le lac Tislit, dans l'Atlas marocain, et l'ont analysée pour étudier l'évolution du climat au nord du Sahara au cours des 18 500 dernières années. Afin de tester si les pluies d'hiver constituent la pièce manquante pour expliquer le Sahara vert, les chercheurs ont testé trois scénarios climatiques en comparant leurs effets sur le couvert végétal du Sahara à partir d'un modèle mécaniste de végétation (basé sur les processus physiologiques des plantes). Les 2 premiers scénario s n’ont pas été concluant car ils n’auraient pas permis à la végétation de se maintenir. Le troisième scénario teste la même augmentation de précipitation mais distribuée en hiver au nord du Sahara et en été au sud et une zone de recouvrement progressif entre 18° et 24°N qui recevrait des précipitations à la fois en été et en hiver. Un tel climat, inspiré des conclusions des reconstructions paléoclimatiques du lac Tislit, n'a pas d'analogue actuellement. Cette dernière simulation produit une biomasse plus importante et un Sahara vert cohérent avec les données, et valide l'hypothèse des chercheurs proposant que le Sahara vert a pu exister grâce aux apports des pluies d'hiver dans sa partie nord.

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