FRISE CHRONOLOGIQUE 1795
dans l’Est de l’Afrique. Ce SNP est sur le chromosome 15 sur le gène SLC24A5 (Solute Carrier Family 24 Member 5). Une mutation de ce gène est associée significativement avec une coloration de la peau. Ce variant génétique serait apparu il y a 30 000 ans. Cette équipe conduite par Sarah Tishkoff, a permis de rassembler la plus grande base de données associées à la couleur de la peau. Les chercheurs ont séquencé les génomes de 2 092 africains d’origine variée, vivant en Éthiopie, Tanzanie et au Botswana, et les ont comparés à des génomes de populations ouest-africaines, eurasiennes (Europe-Asie) et australo-mélanésiennes. « Beaucoup d’articles ont déjà été publiés sur le sujet, mais les travaux restaient mono disciplinaires . Ici, l’approche est large, avec des mesures de variation de couleur, de la génétique massive et moderne, une reconstitution de l’histoire évolutive et l’utilisation d’espèces animales modèles, pour expliquer au niveau fonctionnel le phénotype lié à une mutation particulière », apprécie Paul Verdu, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, qui n’a pas participé aux travaux. Ces travaux ont ainsi montré qu’une grande partie des mutations associées aux couleurs de peau sont apparues avant même l’émergence d’ Homo sapiens (il y a quelque 300 000 ans). Notamment, ils suggèrent que des variants de deux gènes connus pour être associés à des yeux, une peau et des cheveux clairs chez les Européens seraient en fait apparus il y a un million d’années… en Afrique. Ils se seraient ensuite répandus en Europe et en Asie, où on les retrouve aussi. « Certaines mutations responsables de la diversité des couleurs sont apparues rapidement après la perte des poils et font donc partie de la boîte à outils génétique depuis longtemps. Elles se seraient transmises différemment dans les différentes populations sous l’effet de sélections diverses ou du hasard », pointe Paul Verdu. Les biologistes ont aussi confirmé des hypothèses déjà proposées, comme les migrations « back to Africa ». En effet, un variant de « dépigmentation » du gène SLC24A5 , lié à une peau pâle et connue pour s’être répandu en Europe, s’est révélé fréquent en Afrique de l’Est, même chez des individus à la peau sombre (signe que ce variant n’agit pas seul pour donner une peau claire). Ce variant serait apparu en Eurasie assez récemment, s’y serait totaleme nt répandu il y a 6 000 ans AEC, et aurait migré en retour depuis le Moyen- Orient vers l’Afrique de l’Est. Le rôle du slc24a5 a été découvert lors de recherches concernant la livrée du poisson zèbre, cypriniforme d'eau douce. Les chercheurs ont montré que l’éclaircissement de la livrée chez la variété Golden est déterminé par la mutation d'une protéine codée par ce gène. Comme il a son équivalent dans l’espèce humaine, les recherches concernant son rôle ont été étendues à un échantillon de personnes d'ascendance afro européenne. Dans ce type de population, le slc24a5 serait responsable de presque 38 % de la variabilité. L’éclaircissement de la peau serait donc dû dans un certain nombre de cas à une seule mutation de ce gène, apparue soit en Afrique du Nord, soit
520
Made with FlippingBook flipbook maker