FRISE CHRONOLOGIQUE 1795
au Moyen-Orient, et qui se serait ensuite répandue en Eurasie, où elle se serait stabilisée. Les chercheurs ont analysé ensuite la variation du gène dans l’espèce humaine et détecté deux allèles qui, au niveau protéique, diffèrent par un seul acide aminé : en position 111 on trouve soit l’Alanine, soit la Thréonine. La comparaison des séquences de la protéine SLC24A5 chez de nombreuses espèces indique que l’allèle Ala111 est l’allèle ancestral . L’étude de la fréquence des allèles dans diverses populations révèle que celle de l’allèle Thr111 est très proche de 100% dans les populations européennes alors que celle de l’allèle Ala111 est comprise entre 93 et 100% dans les populations africaines sous équatoriales. Des données complémentaires ont conduit à conclure que ce gène rendait compte pour 25% à 38% de la diversité d e pigmentation de la peau humaine. Ce n’est pas « le » gène de la pigmentation mais « un » des gènes qui contribuent à sa variabilité. Les biologistes ont aussi confirmé des hypothèses déjà proposées, comme les migrations « back to Africa ». En effet, un variant de « dépigmentation » du gène SLC24A5, lié à une peau pâle et connu pour s’être répandu en Europe, s’est révélé fréquent en Afri que de l’Est, même chez des individus à la peau sombre (signe que ce variant n’agit pas seul pour donner une peau claire). Ce variant serait apparu en Eurasie assez récemment, il y a environ 29 000 ans, s’y serait totalement répandu il y a 6 000 ans, et aurait migré en retour depuis le Moyen- Orient vers l’Afrique de l’Est. Des scénarios complexes sont à envisager pour l’histoire de chaque mutation. Celles du gène MFSD12 sont intéressantes. Deux mutations identifiées sur ce gène en diminuent l’expression et sont associées à une couleur de peau foncée, ce qui a été confirmé par des modèles de souris et de poisson-zèbre. Or ces mutations se retrouvent chez des populations mélanésiennes et aborigènes australiennes. « Cela confirme l’hypothèse de la sortie de l’Afrique il y a 80 000 ans par la corne de l’Afrique, après l’apparitio n de ces mutations de peaux foncés. Des populations ont migré vers le Pacifique ou l’Eurasie et ces mutations ont été maintenues ou non selon les régions », résume Paul Verdu. « Tout ceci reste à valider par des études encore plus larges, en incluant des populations hors d’Afrique, mais ce travail énorme éclaire l’histoire évolutive des traits que l’on observe aujourd’hui », conclut le chercheur. Une chose est sûre, s’il était encore besoin de la démontrer : la diversité des humains est telle, et leur histo ire évolutive est d’une telle complexité, qu’il ne saurait exister de race car cette enveloppe qui façonne notre apparence avec toutes ses couleurs reste assez mal connue, à cause notamment de sa complexité. Elle représente entre 1.5 et 2.0 m² de surface du corps et pèse deux fois plus que notre cerveau, soit entre 3 kg et 5 kg chez un adulte.
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