FRISE CHRONOLOGIQUE 1795

pas de questionner. Une chose est sûre : il y a environ 10 millions d’années, les premiers hominidés sont apparus en Afrique, et il a fallu attendre au moins 4 millions d’années pour qu’ils se dressent sur leurs jambes. C’est là, au cœur de la savane, qu’ Homo erectus s’est développé, qu’il a fondé les premières communautés, qu’il a appris à s’aventurer dans ce milieu ouvert, à aller toujours plus loin… Jusqu’à sortir pour la première fois de son « éden » originel. On estime à 1,9 million d’années le moment où, pour la première fois, il a quitté l’Afrique. La preuve de ce premier voyage ? Le plus vieux reste humain a été trouvé en… Chine, un fragment de mâchoire provenant de la grotte de Longgupo, datant de 1,8 million d’années. Ce premier homme, avec sa mâchoire saillante, ses os épais, son bourrelet sous-orbitaire, mais déjà si proche de l’homme moderne par la taille de son corps et les proportions de ses membres, était donc déjà un aventurier et a conduit au moins deux grandes migrations de l’Afrique vers l’Europe et l’Asie. Mais la migration qui intéresse le plus les chercheurs est la troisième et dernière vague, celle de son successeur, Homo sapiens. Notre ancêtre direct est apparu il y a 200 000 ans dans l’Est africain ou 300 000 ans au Maghreb, selon les récentes découvertes menées par le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin. Pour son long périple, il a pris la route de son prédécesseur, ce « couloir obligé » qui, depuis l’Ethiopie, lui a fait contourner le Sahara (tantôt une savane verdoyante, tantôt un désert aride), en longeant la mer Rouge, puis a remonté la côte est de la Méditerranée jusqu’au Proche Orient. C’est là, en Galilée, à Qafzeh, qu’ont été retrouvés en 1933 des fragments fossilisés d’ Homo sapiens . L’examen de ces restes , sept individus adultes et huit enfants, prouve que leur voyage avait commencé il y a plus de 100 000 ans. Dans quel but ? L’hypothèse d’une pression démographique qui aurait contraint certains d’entre eux à chercher ailleurs d’autres ressources est peu crédible. L’Afrique était vaste, la population humaine peu nombreuse. On suppose plutôt que ces hommes se sont déplacés lentement, à raison de quelques kilomètres par génération, modifiant leur territoire de chasse en fonction de la taille de la communauté et des migrations animales. Nombre de ces voyageurs ont très bien pu passer d’Afrique en Eurasie sans même s’en apercevoir. Ils ont gagné l’Europe, se sont heurtés à la barrière des Alpes et au froid, se sont fixés sur les pourtours de la Méditerranée, de l’Espagne à la Grèce. Et mêm e l’envie de dompter les montagnes les a gagnés … Des traces d’Homo sapiens retrouvées à l’intérieur et au nord du continent prouvent en effet qu’ils ont franchi l’obstacle des Alpes et se sont adaptés à des contrées plus rudes. L’Europe de l’Est et l’Asie continentale, avec leurs immenses espaces, leurs plaines et leurs steppes, ont certainement dû paraître plus accueillantes à ces hommes issus des savanes africaines. Un aventurier, un dompteur de montagnes… et un navigateur ? En effet, une autre hypothèse pour la « sortie d’Afrique » intrigue les préhistoriens : Sapiens aurait pu

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